2 juillet 2024
Photo Janine Bailly Descharmes
Le mot de la Présidente
Je veux rappeler d’abord les objectifs de l’association Saint-Aubin Mémoire : rechercher, répertorier et promouvoir l’héritage patrimonial commun du village de Saint-Aubin du Jura,
Ce sont des objectifs que, sans les formuler, Fernand Rabant a poursuivi lui aussi.
- Il a recherché, en explorant le territoire, en interrogeant les archives auxquelles il avait accès, en questionnant les témoins, en lisant les articles scientifiques qui lui parvenaient.
[je me souviens, adolescente, l’avoir interrogé « mais comment vous savez tout ça, Fernand ? » et il m’a cité l’abbé Lebeuf dont j’ai gardé le nom en mémoire pendant des décennies, avant d’avoir accès à sa biographie : Jean Lebeuf, 1682-1760, historien et érudit, ayant publié sur de nombreux sujets , de la géographie à l’archéologie, de l’hagiographie à l’histoire de Paris, critiqué pour son « imagination pleine de ressources » ]
- Fernand Rabant défend le patrimoine : dans ses écrits, il mentionne souvent son mécontentement de voir dispersées les trouvailles des paysans pour des raisons mercantiles ; il encourage les propriétaires à faire don aux musées archéologiques avec lesquels il est en contact.
- Fernand Rabant partage son savoir, par ses publications, et par le travail accompli avec le foyer des Jeunes (Jacques Têtu, Nicole Dailly, Jean-Paul Rabant sont les coauteurs avec lui de plusieurs brochures sur l’histoire de St Aubin).
Curieux, passionné, il fait partie de ces historiens amateurs qui ouvrent la voie à d’autres recherches. Il a touché à quasiment tous les sujets possibles sur notre territoire, avec les moyens et les connaissances de son temps. Je veux noter qu’il a été lecteur d’un des premiers livres sur l’écologie- Printemps silencieux, de Rachel Carson (1963).
Merci à tous ceux qui ont fourni la matière à la réalisation de ce panneau, en particulier Jean- Claude Breton pour quelques photos, et Jacques Têtu qui, venant de terminer son livre sur Fernand : Fernand Rabant, enfant de Saint-Aubin, nous a fourni cette minibiographie :
Fernand Rabant, « historien de Saint-Aubin », est un modèle d’autodidacte passionné, qui a balayé de nombreux champs en histoire et archéologie locales, s’appuyant sur les techniques et les connaissances de son temps.
Il nous invite à poursuivre son travail avec un regard contemporain.
Né le 10 mai 1902 à Saint-Aubin, de Claude Rabant et Alice Berthier, agriculteurs, il fréquente l’école primaire du village jusqu’en 1915, puis l’école Pasteur à Dole, où il obtient d’excellents résultats. Il arrête ses études avant de passer son baccalauréat, pour rejoindre l’exploitation familiale, qu’il exploitera seul à partir de 1938. Il fait son service militaire en 1922, à Sarrebruck, au service télégraphique.
Dans le cadre de son métier de paysan, il s’intéresse à l’élevage de la vache Pie Rouge, à la lutte contre les nuisibles, à la biodiversité : dès les années 60, il lit « Printemps silencieux » de Rachel Carson, qui a lancé le mouvement écologiste dans le monde occidental. Il est correspondant du journal « Le Réveil du Jura », traitant des questions agricoles.
Très tôt passionné par l’histoire et l’archéologie, sous l’influence de François Monnot, historien amateur saint-aubinois, il tentera de concilier cette passion avec son métier de cultivateur, utilisant son temps libre en recherches : sur le terrain, en bibliothèque, aux archives. Il remplit des cahiers de notes issues de ses lectures, sur divers sujets.
Il s’intéresse aux travaux des historiens et archéologues de la région : l’abbé Paul Brune (historien autrefois vicaire à St Aubin), Julien Feuvrier (fondateur du musée de Dole), etc.
Attentif aux découvertes fortuites des paysans sur le territoire, il prend note, conseille, fait des dépôts dans les musées (outils en pierre polie, pierre taillée, vestiges gallo-romains…).
Dès 1947, il publie quelques articles dans « Le Pays Dolois » et « Le Pays Jurassien » sur ses découvertes.
Correspondant des musées de Dole et Lons le Saunier, du musée archéologique de Dijon, de la DRAC de Franche Comté, il reçoit régulièrement journalistes et étudiants.
En 1979, la section archéologie du Foyer des Jeunes publie sous sa direction une première brochure « Esquisse d’histoire », qui sera suivie de plusieurs autres. En 1989, il encourage la création de l’Association du Patrimoine Rural Jurassien. Il reste donc très actif et passionne toute une génération, jusqu’à sa mort en 1997.
