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Les monuments aux Morts de Saint-Loup, Chemin, Saint-Aubin : trois histoires singulières

Les monuments aux morts 14 -18 de Saint-Loup, Chemin, Saint-Aubin

Exposé du 25 janvier 2025, présenté par l’association Saint-Aubin Mémoire

Suite à une enquête de la  Société d’émulation du Jura [1] au sujet des monuments aux morts des guerres contemporaines, qui a donné lieu à l’édition de l’ouvrage collectif : « Hommage aux morts des guerres », cet exposé a voulu mettre en lumière l’histoire des monuments des 3 villages voisins, 3 histoires singulières parmi les 448 monuments jurassiens.

A travers les archives, on mesure combien les différences de population, de ressources, des choix esthétiques, ont marqué l’architecture du monument, son financement, son évolution au fil du temps.

La stèle de Saint-loup est l’œuvre d’un sculpteur, et a posé le problème de l’emblème religieux dans l’espace public.

A Chemin, la qualité de la pierre a obligé à la réfection totale dans les années 1990, malgré l’originalité de la forme.

A Saint-Aubin, c’est un architecte qui dessine la grande stèle surmontée d’un poilu en marbre de Carrare.

Trois histoires inscrites dans nos paysages, en souvenir des si nombreux morts de la Grande Guerre, 11 à Saint-Loup, 19 à Chemin, 45 à Saint-Aubin.

[1] Fondée en 1817, elle rassemble des amateurs et des savants intéressés par l’histoire, l’archéologie, l’ethnologie, le patrimoine du département du Jura.

Circuit Saint-Aubinois

1 – Site du patrimoine

Les bornes :

Remarquez, à l’entrée du chemin, les deux très anciennes pierres taillées qui sont placées de chaque côté. Elles étaient autrefois plantées près du pont de France, frontière entre la France et la Franche-Comté avant son rattachement en 1678.Leur forme, la croix latine gravée sur une des faces font penser qu’il s’agit de pierres de la clôture de l’ancien cimetière.

La maison du patrimoine rural jurassien :

En 1989, une ancienne batteuse datant du 19ème siècle est découverte dans une vieille grange vouée à la démolition. En novembre de la même année, l’Association du Patrimoine Rural Jurassien est fondée et se donne pour mission la récupération et la sauvegarde de cette batteuse ainsi que de tout matériel agricole et artisanal ancien.

A partir de 1990, forte de nombreux adhérents, l’association organise chaque année le « Ruralissimo ». Les défilés, expositions et démonstrations de machines en état de fonctionnement ont un grand succès et provoquent une affluence de dons. Les entrepôts sont rapidement pleins et la construction d’une « maison du patrimoine » est décidée.

Un premier bâtiment fut inauguré en 1994, suivi de deux autres par la suite. Le musée expose surtout du matériel agricole, des outils d’autrefois, et une collection de tracteurs anciens.

Le musée « Pierre Morisot » :

L’Union départementale des sapeurs-pompiers fit construire ce musée, inauguré en 2010. Il a pour but de sauvegarder les matériels de Sapeurs Pompiers des différentes époques et ainsi de faire découvrir au public l’évolution de la corporation.

2 – La Goulotte

Le pont de la Goulotte passe sur le Cleux, ruisseau d’environ 15 km qui serpente dans la plaine entre Saône et Doubs.

Image1.jpg L’occupation de ses rives a laissé des traces dès le néolithique, (pierres polies, pierres taillées, outils de fer ou de bronze) recueillies par les paysans au fil du temps, et souvent conservées chez des particuliers.

Au lieudit « La Goulotte », s’installent petit à petit des aménagements communaux : le mini stade, et bientôt la caserne des pompiers.

A proximité, le Musée du Patrimoine rural jurassien, le Musée des pompiers, le gymnase.

3 – L’ancienne gare

Inaugurée en 1905, la gare de Saint-Aubin est située sur la ligne qui relie Dijon à Lons-le Saunier. C’est la compagnie PLM qui lance le projet, et la municipalité aménagea l’avenue de la Gare, grande rue rectiligne qui relie la gare à la rue principale. Cinq maisonnettes pour les garde-barrières jalonnent la voie ferrée sur le territoire du village.

La gare a fonctionné de 1905 à 1970, pour les marchandises (osier, betteraves, bois, paille, etc.) et pour les voyageurs (8 trains par jour dans les années 30).

Actuellement, la voie ferrée est encore utilisée pour le transport de céréales entre Saint Jean de Losne et les silos de Chemin

L’ancienne gare, aujourd’hui propriété privée, a conservé son architecture de l’époque, et la gare de marchandise à proximité est utilisée comme entrepôt.

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4 – La bascule

Cette installation dite « bascule » ou « poids public » date de 1905. Elle servait à peser les marchandises, le plus souvent les produits agricoles : petites graines, blé, orge, maïs, etc. expédiés à la gare voisine.

Des employés communaux l’ont tenue jusque dans les années 1970.

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5 – Une enseigne « fantôme »

Sur la façade de cette maison subsistent les traces de la peinture murale annonçant le «  Restaurant Vincent ». On connait à Saint-Aubin, à la fin du 19ème siècle, la présence de plusieurs bars et restaurants, qui disparaissent peu à peu, ne laissant que deux cafés dans la deuxième moitié du 20ème.

En 1905, on comptait 7 auberges, mais 100 ans plus tard, ni café ni restaurant !

Le restaurant actuel au centre du village s’est installé en 2020.

D’autres traces sont encore visibles sur quelques maisons, elles disparaissent peu à peu.

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6 – Le Pont de Cailloux

Il passe au-dessus du fossé dit «Grand Tarreau », l’ancien fossé de ceinture du bourg médiéval, qui est une dérivation du « Cleux ». Le pont tire son nom d’une famille de perruquiers installés à Saint-Aubin vers 1780 : Les Cailloux.

On repère ainsi :

  • Christophe Cailloux, né à Dole vers 1745, mort à Saint-Aubin en 1814. Il est d’abord perruquier à Petit-Noir, puis s’installe à Saint-Aubin avec sa famille. Christophe semble participer activement à la vie de la commune, il signe comme témoin dans les actes d’état-civil, surtout après 1795, accompagnant la nouvelle municipalité.
  • Jean-Baptiste Cailloux (1773-1831) fils de Christophe sera aussi perruquier au même endroit, dans l’atelier familial.
  • Jean-Claude Cailloux, fils de Jean-Baptiste, né à Landau en 1807 (son père est-il engagé dans les armées napoléoniennes ?), décédé en 1871. Un seul enfant, François, survivra, et sera commis-voyageur à Dijon.

La famille Cailloux n’a pas donné de descendance à St Aubin, le nom disparaît à la fin du 19ème siècle. Une des filles de Christophe, Bonnaventure, née en 1790, a épousé Jean-Baptiste Berthier.

Au 18ème siècle, la profession de perruquier correspond à celle de coiffeur aujourd’hui, mais inclut aussi les soins du corps : bains, onguents, etc. Les perruques, parfois extravagantes au début du siècle, sont plus modestes dans les années où les Cailloux exercent à Saint-Aubin.

Étonnant ! Remarquez que ce pont est toujours situé près d’un salon de coiffure.

7 – Corps de ferme

Après les nombreux incendies de la fin du 19ème siècle, les fermes aux murs de torchis et aux toits de chaume sont peu à peu remplacées par des bâtiments qui regroupent sous le même toit :

  • La maison d’habitation
  • Les écuries et étables,
  • Les granges pour la paille et le fourrage

reconnaissables à leurs ouvertures adaptées à l’usage : porte d’entrée, portes d’écurie plus basses et à deux vantaux horizontaux, porches pour le passage des voitures à chevaux.

Un grenier couvre le tout.

Devant la maison, la cour avec sa place à fumier ; et plus loin, le meix pour les cultures de proximité : luzerne pour les animaux, jardin potager, pré. Le plus souvent, en prolongement ou en face du bâti, des appentis abritent soues à cochons, cabanes à lapins, poulailler.

Aujourd’hui, une exploitation agricole moderne occupe ces bâtiments, malgré les difficultés liées à l’emplacement près du centre du village.

8 – La Motte

En 1345, Philippe de Vienne fait construire à Saint-Aubin un château sur une éminence artificielle entourée de fossés. Construit en briques, il était muni de tours et d’un pont-levis. Déjà en ruine en 1604, tous les bâtiments ont disparu après la guerre de 10 ans, épisode franc-comtois de la guerre de 30 ans.

Il n’en reste qu’une légère élévation de terrain, entourée de ses fossés ; le cimetière occupe l’emplacement de son ancien parterre.

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évocation de St Aubin avec son château au 15ème siècle par G Chouquer

9 – L’ Église

L’église de Saint-Aubin frappe par ses dimensions imposantes (40 mètres de long, 18,3 m de large, hauteur du clocher : 31 mètres), et surtout par l’inscription républicaine au fronton du porche. On peut y lire : “Liberté Egalité Fraternité” et en dessous “Vive la république ».

Cette devise, héritage de la Révolution de 1789, tombée en désuétude sous l’Empire, réapparaît lors de la révolution de 1848. C’est à cette époque qu’elle fut inscrite sur le fronton de l’église, la mairie n’étant pas encore construite. En 1871 la municipalité fit repeindre l’inscription et ajouter sur le listel : “Vive la République”

L’église a été construite entre 1831 et 1833, en remplacement de l’ancienne qui menaçait ruine. L’architecte est Claude-François Besand de Dole. Il utilise le style néoclassique en faveur au début du 19ème siècle, qui rappelle les basiliques romaines.

Contrairement à la quasi-totalité des églises qui sont orientées (l’abside à l’Est, le porche à l’ouest), celle de Saint-Aubin est installée perpendiculairement à la route. Sa monumentalité, son appareillage de pierre grise apparent, ses lignes sévères, son clocher à l’impériale imposent sa silhouette dans la plaine.

A l’intérieur, la nef est séparée des bas-côtés par deux colonnades surmontées d’une arcature, le chevet semi-circulaire abrite le maitre-autel en pierre avec son tabernacle tournant et ses deux anges adorateurs en bois peint. Les deux autels latéraux, la chaire à prêcher sont dus à François Besand, le père de l’architecte. Le décor intérieur actuel date de 1989, avec le Credo qui forme une frise sur tout le pourtour de l’édifice.

10 – Le Calvaire : croix de cimetière

Cette ancienne croix de cimetière, autrefois juchée en haut d’un pilier devant l’église, avait été brisée en 1946. Restaurée et installée sur un nouveau socle en 2016, elle est à nouveau visible, après 70 ans passés-en morceaux- sous un escalier.

Les branches de la croix se terminent par des ornements végétaux, les angles sont renforcés par des équerres moulurées.

D’un côté, le Christ, tête penchée à droite, couronné d’épines, cheveux longs couvrant l’épaule, les pieds croisés l’un sur l’autre, est surmonté par un ange -assis ou à genoux- sur un nuage, tenant un phylactère avec l’inscription : INRI.

De l’autre côté, la Vierge se tient debout sur un socle à 5 faces. Elle porte une robe et un manteau à large col, sous lequel passent ses longs cheveux ondulés. Assis sur son bras gauche, l’enfant Jésus (dont la chevelure et le visage ont été restaurés) tient un livre ouvert. Du sommet de la croix, un ange descend, tête en bas, tenant des deux mains une couronne qu’il s’apprête à déposer sur la tête de Marie.

Aucune date n’est visible, on peut toutefois penser que cette très belle sculpture appartient à l’école bourguignonne, des 15ème ou 16ème siècles.

11 – Monuments aux morts

Les deux monuments en l’honneur des « Morts pour la France » sont installés de chaque côté de l’église.

  • A droite, le monument érigé en 1906 est dédié aux victimes des guerres coloniales, de la guerre de Crimée (1854-1856), de la guerre de 1870, de la guerre en Indochine (1946-1954) : 27 noms sont cités sur les deux plaques de fonte de fer peintes installées par le Souvenir Français.
  • A gauche, il rappelle les 45 enfants de Saint-Aubin tués lors de la guerre de 14/18. Dessiné par l’architecte Camus, il est surmonté de la statue en marbre de Carrare d’un poilu porteur de baïonnette (deux villages seulement dans le Jura ont utilisé cette représentation). Une plaque est dédiée aux morts des guerres de 1940 et d’Algérie.
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12 – La mairie

Imposant bâtiment terminé en novembre 1856, soit une vingtaine d’années après l’église, la maison commune remplace l’ancienne mairie et abritait aussi l’école élémentaire, avec les garçons dans une aile, les filles dans l’autre.

Un préau construit vers 1901 est aujourd’hui décoré d’une fresque dédiée à Victor Hugo.

Devant la mairie, la salle des pompes et la salle de garde étaient attribués aux gardes de police et à la compagnie de sapeurs pompiers fondée en 1830.

Le bâtiment a ensuite abrité un collège, de 1958 à 1994. La construction de l’école Anne Raffy derrière la mairie a libéré les locaux pour l’administration municipale et les associations (école de musique).

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pavement de la salle du conseil

La mairie et l’église forment un bel ensemble architectural du 19ème siècle, et marquent le centre du village, avec les écoles de part et d’autre, et les commerces qui s’égrènent de l’autre côté de la rue.

13 – La fresque de Victor Hugo

Ce remarquable portrait de Victor Hugo est l’œuvre de l’artiste graffeur Sylvain Chais alias Heta One.

Ce graffiti-artiste a exprimé son talent dans de nombreux pays à travers le monde. Basé à Lyon, il partage son savoir en proposant des ateliers.

Au printemps 2022, il a initié des enfants de la commune à l’utilisation de la bombe de peinture au cours de la réalisation de ce portrait.

Victor Hugo (1802-1885):

Bien qu’ayant peu vécu en Franche-Comté, Victor Hugo y a des racines.

Il est né à Besançon, et notre village a vu naître en 1698 son arrière grand-père François Michaud.

Homme illustre, brillant dans de nombreux domaines, il a laissé à la postérité de nombreux chefs-d’œuvre littéraires.

Il a pleinement participé à l’histoire de son siècle par ses engagements, ses prises de position politiques et sociales (contre la peine de mort, le despotisme, la misère).

Sensible aux souffrances de son temps, il a décrit entre autres celles des enfants en créant les personnages bien connus de Cosette et Gavroche.

Convaincu qu’un des moyens d’éradiquer la misère et la criminalité serait une instruction gratuite et obligatoire pour tous, il a écrit:

« L’éducation, c’est la famille qui la donne;

l’instruction, c’est l’État qui la doit.»

Actes et Paroles, 1876.

14 – Le Pont du capitaine

Ce pont sur le Cleux porte le nom de son voisin Breton, dit « Le Capitaine », dernier maître tanneur dont l’établissement occupait la place du parking en contrebas. A sa place un lavoir, installé en 1912, fut démoli en 1964.

Au Moyen Age, les portes du bourg étaient construites sur ce pont. Il a été restauré vers 1835.

Le Cleux est l’un des principaux ruisseaux (14,5 kms) de la plaine entre Saône et Doubs. Il nait près de Tavaux, et devient l’Auxon quand il entre en Côte d’Or avant de se jeter dans la Saône à Chaugey. Sur ses rives ont été trouvés des traces d’habitats allant du néolithique à l’âge du fer.

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15 – La Villa Theresa

En 1899 Auguste Couvreur fait construire cette grande villa au milieu d’un beau parc arboré.
Auguste Couvreur est né à Xaronval dans les Vosges en 1845. Il fait fortune comme fondateur d’un «grand magasin» à Belfort. Marié à Thérèse Barbier, une de ses vendeuses, née à Saint-Aubin en 1852, il baptise sa maison en hommage à sa femme. Il décède à Saint-Aubin en 1902, on peut voir au cimetière sa chapelle funéraire.

Le couple Couvreur sera bienfaiteur de la commune, il fera don de deux maisons pour y loger les indigents.

La villa Theresa, construite dans le style tout à fait caractéristique de la fin du 19ème siècle, en décalage avec le style local, est souvent appelée « Le Château » par les habitants.

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16 – Oratoire : Vierge-Mère

Cette statue date probablement du début du 15ème siècle. Elle montre la Vierge Marie tenant contre elle l’enfant Jésus, qui cherche à atteindre, du regard et du geste, ce que sa mère tient dans sa main droite. Etait-ce un bâton fleuri surmonté d’un oiseau ?, c’est ce que suggère V. Boucherat, historienne de l’art.

La sculpture est de grande qualité : naturalisme des postures et des gestes, finesse des détails (voyez le petit pied de Jésus), souplesse du drapé.

Avant la Révolution, cette Vierge se trouvait à Sellières, au domicile du comte de Poly. Contraint de s’exiler, il en laissa la garde à sa femme de charge, qui la légua à son neveu l’abbé Altemer, curé de Saint-Aubin de 1824 à 1829. Melle Altemer, sa sœur, et Melle Gauthier, institutrice, firent édifier l’oratoire en 1855.

La Vierge du Pasquier de Chaux, du nom du quartier où est installé l’oratoire, était et est encore l’objet d’une grande vénération. Elle était réputée protéger des incendies : par deux fois à Sellières, puis à Saint-Aubin le 8 avril 1883, quand le feu qui avait déjà détruit 11 maisons, s’arrêta à proximité de la statue.

17 – Le cimetière

Construit en 1864-1865, il remplace l’ancien cimetière situé autour de l’église. Les pierres du mur de clôture viennent des carrières de Damparis, le portail monumental porte l’inscription « Vita mutatur, non tollitur » qu’on peut traduire par : « la vie est changée, pas ôtée »

La croix centrale, au croisement des allées, a été réalisée par le tailleur de pierre du village Antoine Gogand.

En 1997, la Société d’émulation du Jura a publié une étude sur les « Tombes d’autrefois » du département, qui répertoriait ici plus de 20 monuments funéraires intéressants, par leur symbolique, leur esthétique, leur monumentalité, les épitaphes, etc.

Parmi elles, l’enclos familial du notaire Derriey a été restauré par la commune, il rappelle l’hospitalité offerte dans les années 1830 par le notaire du lieu à deux réfugiés politiques, italien et polonais.

La stèle du tailleur de pierre Antoine Gogand, restaurée par ses descendants, vient d’être réinstallée à l’angle sud-est. Elle porte les attributs de son métier : maillet, ciseaux, règle, équerre ; et l’épitaphe : « Si le travail est une vertu, il est au nombre des élus. »

En déambulant d’une rangée à l’autre, on rencontrera des symboles, religieux ou non : lierre, pensées, mains entrelacées, couronnes d’immortelles, urne avec flamme du souvenir, épis brisés, et bien d’autres à découvrir. On repérera aussi l’évolution du style selon l’époque, la variation des matériaux : pierre, marbre, fonte, et même résine.

18 – La tour dite « des allemands »

Cette tour de brique située en bordure du chemin, au lieudit « Les Rolots » est un vestige de l’occupation allemande (1940-1945).

C’est ce qui reste d’un poste d’observation aérien qui signalait l’approche du camp d’aviation de Tavaux, alors camp militaire allemand. Un témoin de l’époque signale que ce poste comportait « un mirador, un transformateur (probablement l’actuelle tour) et des chambres de guet ». La tour était sans doute surmontée d’un appareil radio-émetteur. Trois militaires y étaient affectés, ils venaient chaque jour au café du Commerce chercher leurs repas. Le 26 juin 1944, les trois soldats sentinelles auraient été faits prisonniers par des résistants dolois (et aussitôt remplacés).

restes de maçonnerie

l’appareillage en briques

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Aujourd’hui, la silhouette de la tour fait partie du paysage de la plaine ; les oiseaux la survolent, un cerisier sauvage pousse à son côté, quoi de plus pacifique….

19 – Le Dieu de Pitié de Saint-Aubin du Jura

Les « Dieux de Pitié » représentent Jésus assis, poignets liés, avant la crucifixion. On les nomme aussi « Christ aux liens ». Les plus anciens « Dieux de Pitié » remontent aux 15ème-16ème siècles. En pierre ou en bois, le plus souvent dus à des artistes locaux et anonymes, on en connait une douzaine dans notre département, plus ou moins bien conservés.

La statue représente le Christ, assis sur une sorte de tabouret avec un socle, tout cela sculpté dans une seule pièce de bois. Couronné d’épines, ses longs cheveux noirs et ondulés reposant sur ses épaules, Jésus a les mains liées par une corde dont une des extrémités repose sur sa cuisse gauche. Torse et jambes nues, le bassin revêtu d’un tissu rouge drapé dont le nœud est visible sur le côté gauche, le Christ donne l’impression d’une sorte d’attente résignée.

La niche est fermée par une grille qui porte les mots : «  Ecce Homo ». L’entablement porte une date gravée: 1724.

La tradition orale rapporte que Jacques Péchignot, laboureur demeurant en ce lieu, le fit construire en 1724, suite à un accident : un homme ayant été victime d’une chute de cheval (ou de charrette) à cet endroit.

Jusqu’au début du 20ème siècle, les habitants de Saint-Aubin avaient l’habitude de se rendre en pèlerinage à l’oratoire pour y réclamer la pluie.